VoilĂ pourtant 8 secrets pour faire durer l’amour ! Secret n°1 : Ne jamais considĂ©rer l’autre comme acquis Sans doute le plus important de tous ! Ce n’est pas parce qu’on est ensemble depuis 1 an, 10 ans ou mĂȘme 15 ans que tout est sur et figĂ©. Notre compagnon n’est pas Ă  nous, notre avenir n’est pas certain, tout peut changer Lamour toujours n'est pas rĂ©servĂ© aux couples triomphants. Parfois, dans l'ombre d'une vie parallĂšle bien rangĂ©e, la passion vibre. Et dure. RĂ©cit de quatre histoires d'amour secrĂštes qui Autourde son piano, AndrĂ© Manoukian avec la complicitĂ© des artistes nous dĂ©voilent les secrets et les coulisses de leurs plus grandes succĂšs. Des histoires, de l’émotion, du rire, des surprises et surtout sans ce piano rien n’est possible. Bienvenue dans "La vie secrĂȘte des chansons". toutes les vidĂ©os. Accueil France 3 La Vie Parolesde chanson et traduction Miguel Cadenas - Amor De Madrugada. Tous; Original; Traduction; Noches de balcĂłn y luna llena Balcon nuits de pleine lune De unos labios que me esperan De la bouche que j'attends DesnudĂĄndose otra vez DĂ©capage Ă  nouveau Noches de pasiĂłn desenfrenada Nuits de passion dĂ©bridĂ©e De caricias hasta el alba Lesmots que je croise, depuis que tu es partie Ne sont plus de toi, et me font moins peur De leurs beautĂ©s qui m’inspirent, me donnent l’envie De croire, de ressentir, et de vivre Ă  nouveau le bonheur Sans ĂȘtre obliger de m’excuser, parce que je dĂ©fends La femme que j’aime, la mĂšre de mes enfants *REFRAIN X1 : Surles rĂ©seaux sociaux, Amir a livrĂ© un message intrigant.Une lettre dans laquelle il avoue un "secret devenu trop lourd Ă  porter".Le chanteur, qui va bientĂŽt devenir papa pour la deuxiĂšme fois, assure que toutes ses chansons ne sont que des reprises et non des versions originales. "Toutes ces chansons que vous chantez par cƓur Ă©taient fait des reprises. XfI1OT. ï»żalpha H artiste HĂ©lĂšne RollĂšs titre Amour secret Les paroles de la chanson Amour secret »HĂ©lĂšne RollĂšs Amour secret, obligĂ©s de se cacherAmour secret, toujours dissimulĂ©Amour secret, pas le droit de le direAmour secret, condamnĂ©s Ă  mentirQuand on voudraitCrier au monde entierSon bonheur et sa joieDe s’aimer si fort que çaMais toi et moiN’en n’avons pas encore le droitAmour secret, cacher tous ses sentimentsAmour secret, s’empĂȘcher tout le tempsAmour secret, ne pas pouvoir t’embrasserQuand je voudrais mourir dans tes baisersQuand il faudraitCrier au monde entierMon bonheur et ma joieDe t’aimer si fort que çaMais toi et moiN’en n’avons pas encore le droitEst-ce qu’un matin enfinTu me prendras la mainSans avoir peur des autresSans que t’aimer soit une fauteOui je voudraisCrier au monde entierMon bonheur et ma joieDe t’aimer si fort que çaMais toi et moiN’en n’avons pas encore le droitOui toi et moiN’en n’avons pas encore le droit par HĂ©lĂšne RollĂšs Amour secret, obligĂ©s de se cacherAmour secret, toujours dissimulĂ©Amour secret, pas le droit de le direAmour secret, condamnĂ©s Ă  mentirQuand on voudraitCrier au monde entierSon bonheur et sa joieDe sÂŽaimer si fort que çaMais toi et moiNÂŽen nÂŽavons pas encore le droitAmour secret, cacher tous ses sentimentsAmour secret, sÂŽempĂȘcher tout le tempsAmour secret, ne pas pouvoir tÂŽembrasserQuand je voudrais mourir dans tes baisersQuand il faudraitCrier au monde entierMon bonheur et ma joieDe tÂŽaimer si fort que çaMais toi et moiNÂŽen nÂŽavons pas encore le droitEst-ce quÂŽun matin enfinTu me prendras la mainSans avoir peur des autresSans que tÂŽaimer soit une fauteOui je voudraisCrier au monde entierMon bonheur et ma joieDe tÂŽaimer si fort que çaMais toi et moiNÂŽen nÂŽavons pas encore le droitOui toi et moiNÂŽen nÂŽavons pas encore le droit J'ai publiĂ© ce qui suit, il y a quelques lustres, dans une revue allemande rĂ©fĂ©rences de la version originale en anglais ici. Souvenirs...Tout acte culturel, toute consommation de biens ressort Ă  une dĂ©marche de mul­tiplication. Toute pratique commune exprime une “ sociabilitĂ© du sensible ”[1]. En 1939, en France, la radio touchait un public de masse 5 millions de postes rĂ©cepteurs. Il Ă©tait naturel que l’occupant nazi, les collaborateurs, mais aussi les[2] rĂ©sistants de Londres s’intĂ©ressent Ă  ce nouveau moyen de communication de masse et ce qu’il vĂ©hi­culait en prioritĂ© information, propagande et l’orĂ©e de la guerre, la chanson Ă©tait passĂ©e depuis une dĂ©cennie de la salle de spectacle aux ondes radiophoniques. Dans le climat post-munichois et celui de la “ drĂŽle de guerre ”, les chansons de qualitĂ© Ă  succĂšs Ă©taient celles, quelque peu acidulĂ©es, iro­niques ou parodiques de Pills et Tabet ou de Mireille et de Jean Nohain “ CouchĂ©s dans le foin ”, “ Le vieux ChĂąteau ”. Juste avant la conflagration, Charles TrĂ©net avait po­pularisĂ© l’insouciant “ Y’a d’la Joie ” Y’a d’la joieBonjour, bonjour les hirondellesY’a d’la joieDans le ciel par dessus les le fameusement — quoique involontairement — proleptique “ Boum ” Boum!Quand notre cƓur fait boum!Tout avec lui dit boum!Et c’est l’amour qui s’éveille. Émotion et surrĂ©alisme avait envahi la vie quotidienne des Français. Dans le mĂȘme temps, le climat international devenant tendu, la chanson patriotique, pratiquement disparu depuis 1920, refleurit. Des au­teurs de chansons tentent de retrouver le style des annĂ©es 1870 Ă  1914. Lucienne Boyer chante “ La Fille Ă  Madelon ”, et George Thill prĂ©vient “ Ils ne passeront pas! ” PĂ©tain a dit Ă  ses soldats Soyez certains, ils n’passeront pasIl faut qu’on tienneCe genre patriotique rencontre assez peu de succĂšs, Ă  l’exception de “ Ça fait d’excellents Français ” de Georges Van Parys, créée par Maurice Chevalier. Cette chanson au ton primesautier envoie un double message les Français sont pacifiques, rigolards, pour tout dire Gaulois; et, dans le mĂȘme mouvement, ils peuvent faire face Ă  la guerre, rĂ©apprendre d’instinct Ă  marcher au pas, respecter Ă  nouveau l’uniforme. DĂšs le dĂ©but de l’occupation allemande, s’engouffrent des crĂ©ations rĂ©alistes exprimant la solitude, le vague Ă  l’ñme, l’incertitude “ Je suis seule ce soir ”, “ J’attendrai ”, “ Attends-moi mon amour ”. Les grands music halls Les Folies BergĂšres, le Concert Mayol, le Lido, l’ qui accueille la revue de Gilles Margaritis Chesterfollies et tous les grands noms du tour de chant de Tino Rossi Ă  LĂ©o Marjane sont alors bondĂ©s de civils français cĂŽtoyant sans vergogne les uniformes des officiers de la Wehrmacht. Les filles dĂ©shabillĂ©es, les plumes, le strass redonnent vie au Paris insouciant et frivole de la Belle la France est terrassĂ©e. Des centaines de milliers de famille ont fui leurs foyers. Le pays est coupĂ© en deux. L’Alsace a Ă©tĂ© rĂ©annexĂ©e et le Nord est administrĂ© directement par l’occupant. Cela n’em­pĂȘche pas Maurice Chevalier et son ami, l’ancien champion du monde de boxe Georges Carpentier de faire de la publicitĂ© pour les vĂ©los-taxis puisque la circulation demeure interdite. Le mĂȘme Chevalier entonne alors une chanson trĂšs entraĂźnante, quoique reflĂ©tant bien peu le rĂ©el Tsimpa Poum PalaC’est notre espoir Le rĂ©gime de Vichy traduit dans les faits la revanche d’une France passĂ©iste et rĂ©actionnaire sur l’“ ennemi intĂ©rieur ” francs-maçons, dĂ©mocrates, communistes et, bien sĂ»r, Juifs. L’armĂ©e française a Ă©tĂ© balayĂ©e mais ses fanfares jouent dans les kiosques. Radio Paris, contrĂŽlĂ©e par la puissance occupante, ex­plique que la dĂ©faite Ă©tait mĂ©ritĂ©e. La rĂ©sistance gaulliste rĂ©pond sur les antennes de la BBC que “ Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ”. L’ordre nouveau du MarĂ©chal PĂ©tain exalte la terre — qui, selon le slogan du philosophe Emmanuel Berl[3], ne ment pas », et aussi le grand air, le folklore. La radio diffuse des chansons paysannes jusqu’à satiĂ©tĂ© Aimons nos montagnesNos Alpes de neigeAimons nos campagnesQue Dieu les protĂšgeLa chanteuse fantaisiste Marcelle Bordas s’illustre en vantant le retour Ă  la terre Ah, comme la France est belleEt comme on se sent fierD’ĂȘtre un de ses enfants Le travail manuel est rĂ©habilitĂ©, tout comme les exercices physiques. Maurice Chevalier, qui est depuis longtemps le chanteur français le plus populaire, crĂ©e “ La Chanson du maçon ” Si tout le monde apportait son moellonNous rebĂątirions notre maisonQui deviendraitLa maison du bon DieuLa radio pĂ©tainiste programme en prioritĂ© des chansons oĂč la propagande se veut discrĂšte, mais qui expriment la nostalgie pour un passĂ© insouciant et un prĂ©sent qui se veut Ă©loignĂ© des tristes rĂ©alitĂ©s. La chanson d’amour se porte Ă  merveille “ Le premier rendez-vous ”, tout comme celle qui fait appel au fol­klore campagnard “ Le petit vin blanc qu’on boit sous les tonnelles ”, Ă  une France Ă©ternelle, intouchĂ©e “ Ça sent si bon la France ”, par Maurice Chevalier. MĂȘme Jacques PrĂ©vert, poĂšte d’extrĂȘme-gauche qui animait peu de temps avant le dĂ©but des hostilitĂ©s le groupe théùtral Octobre, seule troupe d’agit-prop ayant connu quelque succĂšs, se limite Ă  des textes purement poĂ©tiques. Charles TrĂ©net chante “ Terre ”, et AndrĂ© Dassary, basque trĂšs populaire, ancien chanteur de l’orchestre de Ray Ventura, “ Vive la terre de France ” Pour que le pays soit plus beauIl faut des bras pour la charruePour PĂ©tain le Front Populaire avait Ă©tĂ© une pĂ©riode de jouissance fautrice de dĂ©cadence et de guerre. Il in­terdit les bals populaires oĂč l’on dance, oĂč l’on se touche, et oĂč l’on peut parler. Les chansons s’adressent maintenant aux prisonniers et Ă  toutes les personnes dĂ©placĂ©es, dĂ©boussolĂ©es “ Ça sent si bon la France ”. Le rĂ©gime remet Ă  l’honneur de vieilles chansons traditionnelles “ Sur la route de Louviers ”, “ Une fleur au chapeau ”. Mais au hit-parade de la chanson pĂ©tainiste, grimpe en quelques semaines un vĂ©ritable petit chef d’Ɠuvre “ MarĂ©chal, nous voilĂ  ” de Charles Courtiaux et AndrĂ© Montagard. AndrĂ© Dassary en fait l’hymne officieux du rĂ©gime Une flamme sacrĂ©eMonte du sol natal;Et la France enivrĂ©eTe salue, nous voilĂ Devant toi, le sauveur de la France,Nous jurons, nous tes gars,De servir et de suivre tes nous voilĂ ,Tu nous as redonnĂ© l’ patrie renaĂźtra,MarĂ©chal, MarĂ©chal,Nous voilĂ ! Cela dit, les Allemands et Vichy se servent assez peu de la chanson dans la propagande de tous les jours. Rares sont les chansons qui prĂŽnent ouvertement la collaboration. Les hitlĂ©riens français empruntent au rĂ©pertoire allemand “ J’avais un camarade ”. la propagande prĂ©fĂšre utiliser des vedettes de second plan pour proposer des programmes lĂ©nifiants, sans aucune prise avec le rĂ©el. C’est le cas d’AndrĂ© Claveau qui, Ă  Radio Paris, station contrĂŽlĂ©e par les Allemands, anime une Ă©mission pour les femmes, “ Cette heure est Ă  vous ”. Outre Claveau, la plupart des vedettes des annĂ©es trente poursuivent leur carriĂšre, Ă  Paris ou en zone non occupĂ©e Raymond Legrand et son orchestre s’engouffrent dans le crĂ©neau laissĂ© vacant par Ray Ventura qui a dĂ» Ă©migrer, Jean Sablon “ Je tire ma rĂ©vĂ©rence ”, LĂ©o Marjane, et, bien sĂ»r, Édith Piaf, Charles TrĂ©net et Maurice Chevalier. The show must go on at all costs. Les chanteurs acceptent quelques compromissions bĂ©nignes ou quelques prestations douteuses un rĂ©cital bien payĂ© pour Radio Paris, un gala au profit du Secours National. Une minoritĂ© finira par accepter de se rendre en Allemagne en Ă©change, pour satisfaire leur conscience, de la libĂ©ration de quelques prisonniers de guerre. On trouve par exemple dans l’édition française de Signal un article sur Maurice Chevalier chantant “ Ya d’la joie ” devant une salle de prisonniers de guerre en janvier 1942, dans le Stalag d’Alten-Grabow oĂč il avait Ă©tĂ© lui-mĂȘme prisonnier pendant la premiĂšre Guerre Mondiale. Il se dit “ reconnaissant aux autoritĂ©s allemandes ” car, en Ă©change de sa venue, elles ont libĂ©rĂ© quelques Français[4]. Susy Delair, Albert PrĂ©jean, Viviane Romance rĂ©pondent Ă  l’invitation de Karl Frölich, le prĂ©sident de la Corporation du CinĂ©ma Allemand. Piaf, TrĂ©net, LĂ©o Marjane[5], Raymond Legrand et son orchestre se produisent dans des stalags ou dans des salles de spectacle de grandes villes al­lemandes jusqu’en 1943[6]. Le grand succĂšs des premiĂšres annĂ©es de guerre, celui qui, par delĂ  l’horreur du conflit, unit les militaires et les civils français et allemands, reste la version française de “ Lily MarlĂšne ”, créée par Suzy Solidor[7]. Le comique troupier Ouvrard est stipendiĂ© par l’organisation Kraft durch Freude. Pour l’occupant, les vedettes françaises, une fois leurs remords apaisĂ©s, doivent Ɠuvrer en ambassadeurs auprĂšs des prisonniers, puis des Français envoyĂ©s en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire. Qu’elles le veuillent ou non, ces vedettes justifient la soumission de la France Ă  l’Al­lemagne puisqu’elles font passer comme un Ă©tat de fait naturel la collaboration politique, Ă©conomique et culturelle entre les deux pays. Heureusement, ces faiblesses, ces compromissions avec l’occupant seront assez rares, malgrĂ© des cachets trĂšs substantiels. Un passage Ă  Radio-Paris peut rapporter trente fois le salaire mensuel d’un ouvrier. Parfois mĂȘme, en prĂ©sence des Allemands, certaines vedettes se risquent Ă  d’authen­tiques provocations. Ainsi, un soir de 1942, Ă  la fin d’un tour de chant Ă  l’ Édith Piaf, illuminĂ©e par le drapeau tricolore français, lance devant plusieurs rangĂ©es d’officiers allemands OĂč sont-ils tous mes copains? ». Le public français exulte.[8]Rares sont les chanteurs allemands qui parviennent Ă  s’imposer sur les scĂšnes ou les ondes françaises. Quelques femmes rĂ©ussissent dans un registre sensuel Marika Rokk, Eva Busch et la suĂ©doise Zarah Allemands et les Vichystes partagent la mĂȘme prĂ©occupation distraire les Français, offrir Ă  une sociĂ©tĂ© Ă©crasĂ©e de problĂšmes mais qui, globalement est restĂ©e sur ses rails, les formes d’expression artis­tiques qu’elle souhaite tradition et innovation afin d’éviter des troubles dans la population. Alors, comme le disait si bien le commandant du gross Paris, “ Paris sera toujours Paris ”. DĂšs juillet 1940, le Casino de Paris rouvre des portes sur lesquelles on peut lire “ Interdit aux Juifs et aux Chiens ”. Le grand hall d’entrĂ©e, couleur locale oblige, est transformĂ© en brasserie. Mistinguett, la vedette fĂ©minine la plus populaire de France inoubliable crĂ©atrice de “ Mon homme ”, y fait sa rentrĂ©e. Les Folies-BergĂšres rouvrent pour un public composĂ© en trĂšs grande majoritĂ© d’officiers allemands. Les cabarets ne dĂ©semplissent pas Le Lido, Le Bosphore, Le Tabarin. Tout comme les bordels, dont une dizaine sont rĂ©servĂ©s Ă  l’usage exclusif des soldats allemands du rang et cinq aux officiers de la Wehrmacht. Le plus cĂ©lĂšbre, le One-Two-Two, est situĂ© rue de Provence, en plein centre de Paris. Mais la soldatesque n’est pas assez nombreuse pour permettre Ă  ces maisons closes de faire leurs affaires, et les Allemands finissent par accepter les clients français. L’ambiance est alors merveilleuse, le champagne coule Ă  flots. Les “ maisons” permettent des rencontres officieuses les Allemands des bureaux d’achat clandestins cĂŽtoient les tortionnaires français et gestapistes de la rue Lauriston, mais aussi le Tout-Paris du spectacle Sacha Guitry, Vincent Scotto, Maurice Chevalier, Tino Rossi. En 1943, la collaboration politique jette ses derniers feux. Laval est bien seul Ă  croire Ă  la pĂ©rennitĂ© de l’Europe nouvelle ». En mai, il propose au GauleiterSauckel la nĂ©gociation d’un large ac­cord ein Ausgleich[9]. La Milice, organisation française fasciste armĂ©e par l’occupant et chargĂ©e de dé­truire la RĂ©sistance, est haĂŻe de la population. La propagande pĂ©tainiste est dĂ©sormais totalement sans ef­fet. Cela n’empĂȘche pas Tino Rossi de dĂ©dier Ă  ses amis du Stalag13B “ Quand tu reverras ton village ” “ tu diras rien chez moi n’a changĂ© ”. En Ă©cho naissent quantitĂ© de chansons de rĂ©sistance, de rĂ©elle solidaritĂ© avec les prisonniers, chansons “ scies ” dĂ©tournant des succĂšs bien Ă©tablis, comme la Marseillaise des prisonniers Ils sont foutusEt le monde avec allĂ©gresseRĂ©pĂšte avec joie sans cesseIls l’ont dans l’culDans l’ France occupĂ©e est placĂ©e sous les ordres du MilitĂ€rbefehlshaber. De son administration dĂ©pend la Propaganda Abteilung et la Propaganda Staffel qui, Ă  Paris, surveille en particulier le monde du music-hall. Il est difficile de dĂ©finir la politique de censure de ces services. On ne saurait dire qu’elle rĂ©pond Ă  des impĂ©ratifs culturels prĂ©cis, au sens oĂč, par exemple, l’occupant ne cherche pas Ă  imposer les modĂšles culturels dominant en Allemagne. Certaines manifestations qui seraient tenues pour dĂ©cadentes en Allemagne sont tolĂ©rĂ©es en France[10]. En revanche, les Nazis sont trĂšs attentifs au respect de certains inter­dits politiques et raciaux les Juifs et le communistes sont traquĂ©s. La chanson française sous l’occupation tentera assez peu de tromper la vigilance des censeurs. Ce sera, de toute façon, de maniĂšre indirecte. Ainsi, tel auteur omettra un couplet anglophile avant de soumettre son texte Ă  la censure avant de le rĂ©introduire une fois l’imprimatur obtenue. Ailleurs, certains auteurs risqueront des propos allusifs, comme, par exemple, pour “ La Chanson du maçon ” de M. Vandair et H. Betti. Un maçon chante une chanson reprise par un deuxiĂšme maçon, puis par un troisiĂšme etc., jusqu’à ce qu’il se crĂ©e un sentiment de solidaritĂ© dans la profession. Mais l’esprit corrosif Ă©tait alors tellement peu marquĂ© que la chanson fut perçu par les autoritĂ©s de Vichy comme relevant de l’esprit de la RĂ©volution Nationale, avant d’ĂȘtre interdite sur les ondes fran­çaises parce qu’elle avait Ă©tĂ© diffusĂ©e par la de nombreux chanteurs se produisirent Ă  Radio Paris, voire en Allemagne, il ne faut pas oublier ceux qui refusĂšrent toute compromission avec l’occupant ou les collaborateurs, et qui s’exilĂšrent pour se mettre au service de la rĂ©sistance Ă  Londres. On citera, parmi d’autres, Pierre Dac, JosĂ©phine Baker la trĂšs populaire meneuse amĂ©ricaine de la “ Revue nĂšgre ” dans les annĂ©es trente, Germaine Sablon la sƓur de Jean Sablon, et Anna des armes favorites de ces rĂ©sistants radiophoniques est la satire, dans laquelle excelle Pierre Dac “ A dit Lily MarlĂšne ”, “ La DĂ©fense Ă©lastique ”. D’autres textes, plus graves, parviennent jusqu’aux maquis, souvent par voie orale Le vent souffle sur les tombesLa libertĂ© reviendraOn nous oublieraNous rentrerons dans l’ombreC’est Ă  Londres, dans un petit club animĂ© par la musicienne Anna Marly, que naĂźtra la chanson la plus cĂ©lĂšbre de la RĂ©sistance, “ Le Chant des Partisans ”, sur des paroles de Joseph Kessel ami de Mermoz et de Saint-ExupĂ©ry et son neveu Maurice Druon futur AcadĂ©micien Français. D’abord sifflĂ© par l’acteur Claude Dauphin ainsi, il perçait efficacement le brouillage ennemi et chantĂ© par Germaine Sablon dans le film d’Albert Cavalcanti Pourquoi nous combattons, ce chant poignant et violent est enregistrĂ© par Anna Marly, dans les studios de la BBC, puis imprimĂ©s dans les Cahiers de la LibĂ©ration, et parachutĂ© par la Royal Air Force en France. Ce chant est destinĂ© Ă  exprimer la force contenue que chaque combattant peut apporter au grand fleuve de la RĂ©sistance. Cet hymne de l’ombre est caractĂ©risĂ© par un rythme lent, une mĂ©trique inhabituelle — vers de 11 pieds, chute de 3 pieds —. La mĂ©lodie progresse par imitation et retrouve sonpoint de dĂ©part Ă  chaque chute de rythme. Chant du combattant, il valorise le maquisard et, Ă  travers lui, les classes sociales qui supportent l’essentiel de la lutte, qui payent le prix du sang et des larmes ». La reconnaissance de cet Ă©tat de fait par deux auteurs d’obĂ©dience gaulliste n’en est que plus significative.[11] Un murmure sourd, appel Ă  combattre, devient ainsi un cri Ă©clatant nĂ© des entrailles de la terre, et destinĂ© Ă  venger ceux qui sont morts au combat ou qui croupissent dans les geĂŽles de l’occupant Ami, entends-tu le vol noir des corbeauxSur la plaine?Ami, entends-tu le chant lourd du paysQu’on enchaĂźne?OhĂ©, partisans, ouvriers et paysansA vos armes!Ce soir, l’ennemi connaĂźtra le prix du sangEt des larmes.[
]Ici, nous, vois-tuNous on marche,Nous on tue,Nous on crĂšve!Dans un pays qui n’entrera en rĂ©sistance que progressivement, un phĂ©nomĂšne inattendu exprime, dans les villes du moins, un fossĂ© entre gĂ©nĂ©rations le mouvement zazou. Des jeunes bourgeois, passablement inconscients, dĂ©fient l’ordre moral vichyste, voire l’occupant. Leurs motivations sont infiniment moins politiques que ludiques. Leur inspiration premiĂšre vient d’outre-Atlantique ils veulent swinguer et Ă©couter du jazz. Le swing Ă©tait apparu en France avant-guerre, dĂ©fendu par exemple par Johnny Hess, le pianiste du duo Charles TrĂ©net et Johnny “ Je suis swing ”, “ Ils sont zazous ”. A partir de 1941, le swing contamine les productions d’artistes fort diffĂ©rents le guitariste de jazz Django Reinhardt qui enregistra des morceaux mĂ©morables avec le violoniste StĂ©phane Grapelli et qui fut occasionnellement invitĂ© Ă  se produire en direct Ă  Radio-Paris qui oubliait ainsi qu’il Ă©tait Gitan introduit du swing dans son jeu, le chanteur un peu miĂšvre RĂ©da Caire chante “ Swing swing, Madame ”, Jacques Pills propose “ Elle Ă©tait swing ”. De musical, le mouvement devient culturel, dĂšs lors que des bandes de jeunes adoptent un comportement swing, en s’affublant du nom de zazou, mot empruntĂ© Ă  une chanson de Johnny Hess “ Je suis zazou, zazouĂ© ”, ce chanteur ayant Ă  l’oreille le “ Zah, zuh, zah ” de Cab Calloway 1933 Now, here's a very entrancing phrase,It will put you in a daze,To me it don't mean a thing,But it's got a very peculiar swing!Zaz-zuh-zaz-zuh-zaz,Zaz-zuh-zaz-zuh-zay. En un temps oĂč tous les produits de base sont sĂ©vĂšrement rationnĂ©s, les zazous choquent principalement par leur tenue vestimentaire. Ils prennent le contre-pied du jeune homme tel que le propose la propagande pĂ©tainiste vĂȘtements stricts et fonctionnels sur un corps vigoureux et martial. Le zazou choque par son allure quasiment dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e cheveux longs, veste longue, allure voĂ»tĂ©e, nƓud de cravate ridiculement petit, chaussettes multicolores, semelles compensĂ©es. La jeune fille zazoue porte une coiffure compliquĂ©e, une veste trĂšs longue, une jupe s’arrĂȘtant au dessus du genou et des semelles compensĂ©es en bois. L’idole fĂ©minine des zazous est IrĂšne de TrĂ©bert “ Mademoiselle Swing ”, la femme de Raymond Legrand. Les zazous affichent que leurs prioritĂ©s ne sont pas celles du rĂ©gime, ni celles du peuple qui survit. S’habillant au marchĂ© noir de maniĂšre raffinĂ©e et ostentatoire, ils nient le discours pĂ©tainiste selon lequel la France doit payer par la souffrance la jouissance qu’a permis le Front Populaire en 1936-1937. Les zazous aiment le jazz, la danse syncopĂ©e par des rythmes amĂ©ricains, les surprises-parties terme qu’ils importent, les cigarettes amĂ©ricaines de contrebande, les claquettes. Des jeunes pĂ©tainistes n’hĂ©sitent pas Ă  les brutaliser physiquement, prĂ©figurant le bashing des skinheads contre les hippies dans les annĂ©es soixante. La propagande officielle les qualifie de dĂ©cadents, de communistes ou de Juifs. De fait, ils appartiennent Ă  des milieux aisĂ©s, non juifs et certainement pas communistes. Leur souci n’est pas de rĂ©sister au sens noble du terme mais d’exprimer le refus de subir la guerre comme tout le monde, le droit de dĂ©fier les interdits et l’espoir d’échapper au Service du Travail Obligatoire. Le mouvement zazou durera trois ans, jusqu’à la li­bĂ©ration, l’arrivĂ©e des troupes amĂ©ricaines, avec leur musique, leurs films, leur Coca Cola. Les zazous tenteront de ressusciter dans les caves de Saint-Germain des PrĂ©s, mais en terminer, j'Ă©voquerai l’évolution de deux monstres sacrĂ©s de la chanson française pendant ces annĂ©es noires, Charles TrĂ©net et Maurice Chevalier. Chevalier, qui ĂągĂ© d’une cinquantaine d’annĂ©es au dĂ©but des hostilitĂ©s jouit d’un statut de vedette internationale, fait assez rare pour un chanteur français; TrĂ©net[13] qui, bien qu’ñgĂ© de vingt-sept ans seulement en 1940, est dĂ©jĂ  le plus prometteur et le plus talentueux des auteurs compositeurs que sans engagement politique vĂ©ritable, TrĂ©net Ă©tait apparu au moment du Front Populaire comme le chanteur exprimant le mieux les aspirations de la jeune aspiration de l’époque, celle qui put, grĂące aux avancĂ©es sociales de 1936-7, jouir d’une libertĂ© nouvelle, dĂ©couvrir les routes de France, espĂ©rer en des lendemains meilleurs, bref errer sur “ La Route enchantĂ©e ” 1938 Une Ă©toile m’a dit,Deux Ă©toiles m’ont dit Connais-tu l’pays du rĂȘve?[
]Les joyeux matinsEt les grands cheminsOĂč l’on marche Ă  l’aventureJamais peut-ĂȘtre un chanteur français n’a exprimĂ© avec autant de tonus “ Je chante soir et matin ” la joie de vivre. Et, avec discrĂ©tion mais trĂšs explicitement, un grain de folie qui, bizarrement, passe trĂšs bien aprĂšs des siĂšcles de cartĂ©sianisme On voit l’facteurQui s’envole lĂ -basComme un ange bleuPortant ses lettres au Bon Dieu “ Y’a d’la joie ”Ficelle, tu m’a sauvĂ© la vieFicelle sois donc bĂ©nieCar grĂące Ă  toiJ’ai rendu l’espritJe m’suis pendu cet’ nuitEt depuis je chanteUn fantĂŽme qui chanteOn trouve ça rigolo “ Je chante ”On le surnomme d’ailleurs “ le fou chantant ”, peut-ĂȘtre en hommage Ă  Al Johnson, “ The Singing Fool ”. Avec la dĂ©bĂącle et un bref passage dans l’armĂ©e de l’air, il choisit de rester et de travailler en France. Il reprend ses spectacle Ă  Paris dĂšs fĂ©vrier 1941. En 1943, il accepte de se produire, accompagnĂ© par l’orchestre de Fred Adison[14], autre gloire de l’époque, pour des ouvriers français requis par le STO prĂšs de Berlin. Il accepte de faire du cinĂ©ma sous l’autoritĂ© du ComitĂ© d’Organisation des Industries CinĂ©matographiques qui rĂ©gente la profession selon les principes “ positifs ” de la Propaganda Abteilung[15]. Pendant la guerre, l’auteur compositeur TrĂ©net continue dans la mĂȘme veine poĂ©tique, gaie, un brin surrĂ©a­liste. Mais ses chansons semblent quitter le siĂšcle et le temps “ Que reste-t-il de nos amours? ”, “ La Romance de Paris ” ou “ L’HĂ©ritage infernal ” L’histoire lamentableDe fauteuils et de tablesQu’un ami dĂ©testableVint raconter chez fait parfois de timides allusions Ă  l’actualitĂ©. Quand il compose “ Les Oiseaux de Paris ”, les mil­lions de Français qui ont souffert lors de l’évacuation savent qu’il Ă©voque leur triste sort, mĂȘme de maniĂšre biaisĂ©e. Sa seule chanson rĂ©ellement engagĂ©e, “ Espoir ” est interdites sur les ondes de Radio-Paris. Il es­time que pour mieux attendre demain il faut s’arracher du prĂ©sent, crĂ©er une poĂ©sie atemporelle pour rendre la cruelle rĂ©alitĂ© la drĂŽle de guerre Ă  l’heure de la victoire, Maurice Chevalier se sera comportĂ© en camĂ©lĂ©on. Opportuniste, cherchant Ă  tout instant d’oĂč tournait le vent politique, il suit toutes les modes en en tirant le meilleur profit artistique. Dans la pĂ©riode de tous les dangers consĂ©cutive aux accords de Munich, Chevalier jouit de l’extraordinaire succĂšs d’une chanson de 1936, insouciante et passablement vulguraire, apologie d’une oisivetĂ© faubourienne, “ Ma Pomme ” “ J’suis plus heureux qu’un roi ”. Il est, depuis le dĂ©but des annĂ©es vingt, une vedette internationale il a tournĂ© une quarantaine de films aux États-Unis, et il personnifie le brassage social qu’a occasionnĂ© la grande guerre “ titi ” parisien originaire du quartier populaire de MĂ©nilmontant, il s’est composĂ© une silhouette Ă©lĂ©gante d’homme du monde nƓud papillon, costume impeccable. Mais son fameux canotier, qu’il porte sur le cĂŽtĂ©, connote le voyou qu’il a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© dans sa jeunesse et rappelle le maquereau de sa chanson “ Prosper ”. L’image du prolo en smoking, parfaitement insouciant il chante Dans la vie faut pas s’en faire » dans l’opĂ©rette DĂ©dĂ© s’est donc imposĂ©e trĂšs 1939, il prĂŽne l’union sacrĂ©e dans “ Et tout ça, ça fait d’excellents français ”, une chanson au rythme entraĂźnant, militaire, mais qui dĂ©peint une sociĂ©tĂ© souffreteuse, contrainte de faire la guerre. Pendant la drĂŽle de guerre, le prĂ©sident du Conseil Paul Reynaud assure que nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », et la bourse tient bon. De mĂȘme que l’armĂ©e, prĂȘte et formidable, et qui, thĂ©oriquement, n’allait pas se risquer Ă  de simples escarmouches. L’un des plus grands succĂšs de l’hiver est une chanson que Maurice Chevalier interprĂ©te au Casino de Paris, dĂ©peignant l’armĂ©e comme le reflet de la sociĂ©tĂ© Le colonel Ă©tait d’Action française,Le commandant Ă©tait un modĂ©rĂ©,Le capitaine Ă©tait pour le diocĂšse,Et le lieutenant boulottait du juteux Ă©tait un fervent socialiste,Le sergent un extrĂ©miste[16] convaincu,Le caporal inscrit sur toutes les listesEt l’deuxiĂšme class’ au colonel avait de l’albumine,Le commandant souffrait du gros cĂŽlon,Le capitaine avait bien mauvaise mine,Et le lieutenant avait des juteux avait des coliques nĂ©phrĂ©tiques,Le sergent avait le pylore atrophiĂ©,Le caporal un coryza chronique,Et l’deuxiĂšme class’ des corps aux tout ça, ça faitD’excellents Français,D’excellents soldatsQui marchent au une telle armĂ©e, la mobilisation eut tĂŽt fait de tourner Ă  l’immobilisation gĂ©nĂ©rale. Une chanson rĂ©flĂ©tant le fait que 5 millions d’hommes avaient Ă©tĂ© rappelĂ©s – un quart de la population masculine – dont la plupart n’avait plus rien Ă  faire aprĂšs 5 heures de l’aprĂšs-midi, et pas grand chose le reste de la journĂ©e. Chaque soldat avait droit Ă  trois-quart de litres de vin par jour. Pour tous ces hommes, la Pologne ne reprĂ©sentaient rien et combattre pour la dĂ©mocratie n’avait guĂšre plus de sens. Ils se bornaient Ă  accomplir leur devoir en espĂ©rant regagner leur foyer au plus vite. Chevalier dresse une typologie trĂšs partielle de la sociĂ©tĂ© française, composĂ©e Ă  ses yeux de gens qui tra­vaillent dans la finance, l’assurance, l’industrie, la Banque de France et la rente. Les paysans et les ou­vriers qui constituent alors 80% de la population française sont donc exclus du tableau. Tous ces braves gens “ marchent au pas ” , mais sont affectĂ©s de maladies ridicules, albumine, pilore atrophiĂ©, ganglions, co­liques nĂ©phrĂ©tiques, cors aux pieds. La chanson prĂ©sente donc une armĂ©e vouĂ©e Ă  la dĂ©faite mais qui saura se transcender grĂące aux deux potions magiques que le monde entier envie aux Français “ le pinard et le tabac ”. Cette chanson envoie donc un double message contradictoire les Français ont rĂ©appris Ă  marcher au pas et sont prĂȘts Ă  se battre, mais l’ensemble des appelĂ©s n’est qu’une cohorte de quadragĂ©naires dĂ©glinguĂ©s qui, de toute façon, dĂ©sirent tous dĂ©sormais qu’on [leur] foutent une bonne fois la paix ». Bref, si Hitler Ă©coute attentivement, il n’a guĂšre de souci Ă  se 18 de l’armistice contraignait la France Ă  payer 20 millions de marks par jour au titre des frais d’occupation de l’armĂ©e allemande. De nombreuses usines travaillaient directement pour Berlin. Les soldats allemands consommaient une bonne partie de la production alimentaire française les tickets de ra­tionnement donnaient droit Ă  l’équivalent de 1500 calories par jour. C’est dans ce contexte de pĂ©nurie sans prĂ©cĂ©dent que Maurice Chevalier crĂ©e en pleine guerre les “ Semelles de bois ” une chanson qui lĂ©gitimise le pillage du pays. Il poĂ©tise l’inconfort pĂ©destre auquel les femmes sont dĂ©sormais condamnĂ©es J’aime le tap-tapDes semelles en boisEn marchant les midinettesSemblent faire des claquettesTap-tap la symphonieDes beaux jours moins vernisEt il termine mĂȘme sur une touche franchement Ă©rotique Ah, qu’c’est bon! ».La passivitĂ©, la complaisance de Chevalier dĂ©plaisent souverainement aux Français de Londres. En fĂ©vrier 1944, Pierre Dac dĂ©crĂšte qu’il sera puni selon la gravitĂ© de ses fautes » Quand, un jour prochain, nous leur ferons avaler leur bulletin de naissance, il est infiniment probable que la rigolade changera de camp et que, cette fois, il n’y aura pas de mou dans la corde Ă  nƓud. »[17]Chevalier se demande alors s’il ne risque pas d’ĂȘtre condamnĂ© Ă  mort[18]. Il se cache en Dordogne le PĂ©rigord Ă©tant son Sigmaringen, oĂč les maquis sont trĂšs actifs [19]. Il est arrĂȘtĂ©, puis libĂ©rĂ© grĂące Ă  sa com­pagne juive, Nita, qui l’emmĂšne Ă  Toulouse, la ville la plus “ rouge ” de France Ă  ce moment-lĂ  On s’y serait cru dans une ville espagnole pendant la guerre civile. Les rues Ă©taient pleines de soldats en uniformes plus ou moins rĂ©guliers. Des jeunes femmes en mantilles priaient dans les Ă©glises; dans les cafĂ©s et dans les bureaux de la radio, les intellectuels parlaient de Paris, ville rĂ©actionnaire. » [20]Chevalier en rĂ©chappera grĂące, entre autres, Ă  l’intervention de Louis Aragon. Il aura Ă©tĂ© jusqu’au bout un chanteur de consensus, inscrivant systĂ©matiquement ses chansons dans les normes dominantes, servant de caution populaire Ă  l’ordre en vigueur.[1] ORY, Pascal. “ L’histoire culturelle de la France contemporaine. Question et questionnement ”, VingtiĂšme siĂšcle. Revue d’histoire, n° 16, octobre-dĂ©cembre 1987, p. 74.[2][3] Berl rĂ©sume dans sa personne les errements et les Ă©garements de nombreux intellectuels français des annĂ©es vingt aux annĂ©es quarante. Issu d’une famille juive aisĂ©e, apparentĂ© Ă  Proust et Ă  Bergson, il fut l’ami de Drieu la Rochelle avec qui il dirigea en 1927 l’éphĂ©mĂšre revue Les Derniers Jours. Il publie en 1930 le trĂšs remarquĂ© Mort de la pensĂ©e bourgeoise et collabore Ă  Monde, le pĂ©riodique de l’écrivain Henri Barbusse, proche du Parti Communiste. En 1932, il prend la direction de Marianne, revue culturelle et politique de gauche lancĂ©e par Gaston Gallimard. Il apprĂ©cie les avancĂ©es sociales du Front Populaire en 1936, mais il marque sa prĂ©fĂ©rence pour les sentiments nationaux contre les revendications excessives. Il approuve la politique de non-intervention de LĂ©on Blum dans la Guerre Civile Espagnole. Il frĂ©quente le Tout-Vichy en 1940-41, vit en semi clandestinitĂ© Ă  partir de 1942, craignant Ă  juste titre les persĂ©cutions antisĂ©mites consĂ©cutives Ă  l’invasion de la zone libre. Sa cousine ayant Ă©pousĂ© Fernand de Brinon dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral du gouvernement de Vichy auprĂšs des autoritĂ©s d’occupation Ă  Paris, condamnĂ© Ă  mort et exĂ©cutĂ© en 1947, il jouit d’une protection certaine. Il Ă©tait le mari de la chanteuse Mireille “ CouchĂ©s dans le foin ”.[4] Dans ces mĂ©moires, Chevalier expose, penaud, comment les Allemands ont exploitĂ© son manque de rĂ©solution La direction de Radio Paris [station entiĂšrement contrĂŽlĂ©e par les Allemands] me fait convoquer — Nous dĂ©sirons que vous fassiez des Ă©missions artistiques Ă  Radio Paris comme vous en avez toujours fait Ă  la Radio Française
[
] Je sais trop bien ce qu’un refus catĂ©gorique me vaudrait par la suite. Il faut tergiverser, composer Je ne puis rester que quelques semaines Ă  Paris, vous comprenez, ma famille est dans le midi. ’ Je rougis un peu, l’homme me fixe. Je pense m’en ĂȘtre tirĂ© intelligemment. Ne pas les mettre en boule contre moi, tout en faisant comprendre aux Français, par mon court sĂ©jour Ă  Paris, que je ne fais que ce qui est absolument obligatoire. » Maurice Chevalier. Ma Route et mes chansons. Paris, RenĂ© Julliard, 1950 309.[5] LĂ©o Marjane fut la crĂ©atrice de l’énorme succĂšs “ Je suis seule ce soir ” 1942. La version masculine fut popularisĂ©e par AndrĂ© Claveau, le “ Prince de la chanson de charme ”. Les deux millions de prisonniers français en connaissaient par cƓur le refrain Je suis seul ce soiravec mes suis seul ce soisans ton la LibĂ©ration, il fut reprochĂ© Ă  LĂ©o Marjane de s’ĂȘtre produite sur les antennes de Radio Paris et dans des cabarets devant des officiers allemands. Je suis myope », rĂ©pondra-t-elle devant la Chambre Civique et au ComitĂ© d’Epuration en 1945.[6] Dans les annĂ©es vingt et trente, les Ă©changes culturels entre les deux pays avaient Ă©tĂ© trĂšs substantiels, la France exerçant sur l’art populaire allemand chanson, cinĂ©ma un fort attrait. DĂšs les annĂ©es vingt, Maurice Chevalier et Mistinguett s’étaient produits avec grand succĂšs en Allemagne. Le film allemand Bel Ami, Ă©crit d’aprĂšs la chanson de Tino Rossi, elle-mĂȘme inspirĂ©e de Maupassant, avait connu la cĂ©lĂ©britĂ© Ă  la fin des annĂ©es trente.[7] Une premiĂšre version de “ Lily MarlĂšne ” vit le jour en 1915, suivie d’une seconde en 1935, d’une troisiĂšme en 1937 et d’une quatriĂšme en 1939, toutes sans le moindre succĂšs. Un soir de 1941, la chanson fut diffusĂ©e, dans une version de L. Andersen, par une station militaire allemande installĂ©e Ă  Belgrade. Du jour au lendemain, “ Lily MarlĂšne ” devint le plus grand succĂšs de la guerre et fut considĂ©rĂ©e comme le second hymne national allemand.[8] Berteaut, Simone. Piaf. Paris Robert Laffont, 1969, p. 209.[1] Voir Paxton, Robert. La France de Vichy. Paris Le Seuil, 1973, chap. 4.[10] À noter cependant que les nazis ont longtemps tolĂ©rĂ© en Allemagne certaines expressions culturelles thĂ©oriquement honnies comme le jazz, musique “ nĂšgre ” ou la comĂ©die musicale d’inspiration nord-amĂ©ricaine. En France, Alix Combelle et son orchestre avaient enregistrĂ© une version de “ In the Mood ” “ Ambiance ” en 1941.[11] Le “ Chant des partisans ” sera enregistrĂ© magnifiquement par Yves Montand en 1955. Voir C. Brunschwig et al.. Cent ans de chanson française. Paris Le Seuil, 1981 88.[12][13] NĂ© Ă  Narbonne en 1917, TrĂ©net fut la cible d’antisĂ©mites dĂ©lirants; AccusĂ© de s’appeler Netter anagramme de TrĂ©net et d’ĂȘtre petit-fils de juif, il dut produire un fort complet arbre gĂ©nĂ©alogique pour prouver son “ aryanitĂ© ”. Lucien Rebatet, Ă©crivain collaborationniste de choc, trouvait que Charles TrĂ©net ressemblait aux clowns judĂ©o-amĂ©ricains ».[14] Chef d’orchestre français de son vrai nom Albert Lapeyre, nĂ© Ă  Bordeaux en 1918 influencĂ© par les orchestres de jazz symphoniques comme celui de Paul Whiteman.[15] Deux cent vingts longs mĂ©trages ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s pendant la guerre, dont deux bonnes dizaines de trĂšs grands films. Trente et un films français seront produits par la Continental, filiale de la sociĂ©tĂ© allemande Cela aurait certainement Ă©corchĂ© son palais si Chevalier avait dĂ» prononcer le mot “ communiste ”.[17] DAC, Pierre. Un Français libre Ă  Londres en guerre. Paris France-Empire, 1972.[18] CHEVALIER, Maurice. Ma route et mes chansons. Paris Julliard, 1946.[19] AndrĂ© Malraux a combattu dans cette rĂ©gion Ă  cette Ă©poque.[20] HUGO, Jean. Le Regard de la mĂ©moire. Arles Actes Sud,

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